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Traitement continu par anti-interleukine–1 dans le déficit en mévalonate kinase : étude rétrospective multicentrique française de 13 patients - 23/11/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.10.411 
S. Deshayes 1, , S. Georgin-Lavialle 2, A. Hot 3, C.A. Durel 3, E. Hachulla 4, N. Rouanes 5, S. Audia 6, T. Le Gallou 7, G. Urbanski 8, B. Bienvenu 9, A. Aouba 9, G. Grateau 2
1 Service de médecine interne, CHU de Caen, Caen, France 
2 Service de médecine interne, hôpital tenon, Paris, France 
3 Service de médecine interne, hôpital Édouard-Herriot, Lyon, France 
4 Service de médecine interne, hôpital Claude-Huriez, Lille, France 
5 Service de médecine interne, centre hospitalier de Périgueux, Périgueux, France 
6 Service de médecine interne, CHU de Dijon, Dijon, France 
7 Service de médecine interne, centre hospitalier universitaire de Rennes, Rennes, France 
8 Service de médecine interne, centre hospitalier universitaire, Angers, France 
9 Service de médecine interne, centre hospitalier universitaire de Caen, Caen, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le déficit en mévalonate kinase (MKD) est une maladie auto inflammatoire génétique rare de transmission autosomique récessive associée à des mutations du gène MVK, caractérisée par des épisodes de fièvre récurrente dès les premiers mois de vie et pouvant s’associer à une constellation de symptômes. Les traitements anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs sont d’efficacité limitée. L’interleukine(IL)-1β a un rôle central dans la physiopathologie du MKD. L’expérience avec l’anakinra et le canakinumab a été rapportée dans des cas cliniques ou des petites séries de cas, le plus souvent pédiatriques et avec une durée de suivi limitée. L’objectif était de décrire l’efficacité et la tolérance des anti-IL1 en continu chez des patients adultes atteints de MKD.

Matériels et méthodes

Étude rétrospective multicentrique des patients ≥16 ans atteints de MVK traités par anti-IL1 recensés grâce au centre national de référence adulte des maladies auto-inflammatoires.

Résultats

Treize patients ont été inclus, dont 8 ont été diagnostiqués à l’âge adulte. Le traitement continu par anti-IL1 a été introduit ou poursuivi à l’âge adulte pour tous les patients. Trois patients avaient une mutation à l’état homozygote : V377I (n=2) et A148T (n=1). Les autres patients étaient hétérozygotes composites pour la mutation V377I, associée à I268T (n=2), del 631–633 (n=2), R176K, G335D, G305A, A147T, T342I, ou T243Yfs*34 (n=1 chacun). L’anakinra a permis une rémission complète ou partielle chez, respectivement 3/10 et 5/10 patients, et a été sans efficacité chez 2/10 patients (suivi médian de 16 mois). Une perte d’efficacité rapide a été notée chez 2 patients, après 3 et 5 mois. Six patients avaient des effets secondaires : réactions aux points d’injection, infections récidivantes (infections ORL (n=1) et infections pulmonaires (n=1), et/ou prise pondérale. Le canakinumab entraîna une rémission complète ou partielle chez respectivement 3/7 et 4/7 patients (suivi médian de 18 mois). Une perte d’efficacité a été notée chez 1 patient en 12 mois. Un patient avait des infections pulmonaires récidivantes. Les 2 patients en échec de l’anakinra en continu étaient en rémission partielle prolongée sous canakinumab. Le patient homozygote A148T est le seul à avoir une réponse complète prolongée sous anakinra. À l’inverse, seuls les 2 patients avec délétion 631–633 n’ont pas répondu à l’anakinra.

Discussion

Dans les séries rapportées, l’anakinra permet une réponse complète chez 12,5–30 % des patients, une réponse partielle chez 50–87,5 % des patients et est inefficace chez 0–20 % des cas. Le canakinumab offre des réponses complètes et partielles respectivement dans 50–80 et 20–50 % des cas. Le canakinumab a récemment été approuvé dans cette indication par l’agence européenne du médicament. Les données sur les corrélations génotype–efficacité des traitements sont très limitées, mais permettraient un traitement personnalisé. Certains patients peuvent nécessiter des doses plus importantes de canakinumab. Des doses plus importantes d’anakinra pourraient aussi permettre une meilleure réponse, mais du fait de ses injections quotidiennes souvent douloureuses, un changement pour le canakinumab est souvent préféré. Cela pourrait expliquer en partie le fait que le canakinumab semble avoir une meilleure efficacité que l’anakinra.

Conclusion

Les anti–IL1 sont des traitements efficaces dans le MKD, mais avec néanmoins une efficacité souvent partielle ou une perte de réponse au long cours. Ces constatations sont en accord avec les données expérimentales, qui suggèrent que le MKD est une maladie multicytokinique.

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